La phagothérapie consiste à utiliser certains virus (les virus sont cent fois plus petits que les bactéries), appelés « bactériophages », pour éliminer les bactéries responsables de maladies. C’est un médecin français, Félix d’Hérelle, qui a découvert les bactériophages en 1917. Chacun de ces « phages » est « spécialisé » pour une bactérie, qu’il attaque en l’envahissant pour l’anéantir.
Il existe des phages qui attaquent les staphylocoques dorés, d’autres les entérocoques, d’autres encore les colibacilles… Il faut donc « trouver le bon ». Au début du XXe siècle, jusqu’à l’avènement des antibiotiques à la fin des années 1930, les recherches sur la phagothérapie allaient bon train et des milliers de phages ont alors été identifiés et classés dans des « phagothèques ». Une fois le bon virus trouvé pour anéantir une bactérie, la technique consistait à le cultiver en laboratoire pour ensuite l’inoculer au malade. Cette médecine de précision était alors assez empirique et surtout demandait de la précision, alors que les antibiotiques semblaient pouvoir tout soigner très rapidement. Résultat : les phages ont été délaissés, puis abandonnés.
Aujourd’hui, les bactéries multirésistantes aux antibiotiques étant de plus en plus nombreuses, les phages reviennent sur le devant de la scène. Sans pour autant remplacer les antibiotiques, ces virus pourraient être utilisés en complément. En effet, l’usage simultané des deux types de remèdes pourrait créer une synergie, c’est donc une piste de recherche intéressante. Il faudrait pour cela mettre en place de nouvelles « phagothèques » (les anciennes ont été jetées à la poubelle…) et former des thérapeutes à cette pratique. Ce n’est pas encore tout à fait d’actualité, mais la résistance de bactéries de plus en plus nombreuses aux traitements dont nous disposons y conduira peut-être.