Jean-Robert Rapin était professeur de pharmacologie et neurobiologiste au CHU de Dijon. Pendant plusieurs dizaines dʼannées, il a étudié les mécanismes de la digestion et les effets des aliments selon le moment de la journée où ils sont ingérés, ce quʼon appelle la chrononutrition.
Certains nutriments (des vitamines et des minéraux, par exemple) se combinent entre eux, et forment des complexes que l’organisme est ensuite incapable d’assimiler. C’est le cas, par exemple, du calcium et du magnésium qui se combinent avec certains acides d’origine végétale comme les phytates ou les oxalates… En dégustant un bon petit fromage de chèvre sur lit d’oseille, vous ne bénéficiez pas de l’apport exceptionnel du fromage en calcium : il se « marie » avec les oxalates de l’oseille et n’est plus utilisable par l’organisme. Pour le fer, ce sont aussi les phytates, mais également d’autres acides organiques comme les tanins qui diminuent son absorption. En revanche, la vitamine C, elle, améliore cette absorption. Le zinc, quant à lui, fait mauvais ménage avec les acides citriques, oxaliques et phytiques : évitez les légumes verts avec le foie de veau. Le sélénium, oligo-élément anti-âge, devient moins efficace s’il est associé à la vitamine C ou au bêta-carotène : quand vous mangez des fruits secs (riches en sélénium), évitez de prendre en même temps des jus d’agrumes…
Régime alimentaire « type »
Pour éviter les « mauvaises » interactions alimentaires, le Pr Rapin propose d’utiliser la chrononutrition qui permet, sans se tromper, de ne manquer d’aucun nutriment. Le principe est simple : 4 repas par jour, dont un petit-déjeuner copieux et un repas du soir très léger. Au petit-déjeuner, les produits protéinés gras (beurre, fromage) et du pain, si possible complet ou au son. Les « graisses » du beurre et du fromage pris le matin font diminuer le taux de cholestérol. Pas de confiture ni de miel ni de jus de fruit ; on boit du café ou du thé (pas de chocolat si on consomme du fromage fermenté). Au déjeuner, de la viande ou du poisson et jamais plus d’un quart de légumes par rapport à la viande ou au poisson. Pas de dessert. Le vin en quantité raisonnable est permis, ainsi qu’une orange et un café. Vers 17 heures, le goûter sera composé de fruits secs, chocolat et, si l’on veut, une poire ou une pomme (mais pas d’agrumes). Au dîner, place aux fibres et aux acides gras polyinsaturés. C’est le moment de déguster un poisson gras (sardine, maquereau, thon, morue…) et des salades assaisonnées d’huile d’olive ou de noisette. Cette alimentation est un modèle « idéal » que chacun peut, bien entendu, adapter à ses goûts et à ses besoins particuliers.
Certaines interactions alimentaires ont des répercussions au niveau de l’estomac… Si vous supportez mal l’alcool, prenez des fruits secs avec l’apéritif (ou une cuillère d’huile d’olive) : les graisses ralentiront l’absorption de l’alcool. Évitez les petits stimulants (caféine, vitamine C, nicotine…) quand vous avez le ventre vide. Si vous mangez épicé, pensez aux aliments neutralisants comme le riz dont l’amidon diminue les risques d’irritation… Et si vous avez mal à l’estomac, prenez de l’ananas en fin de repas (ses bromélaïnes proches de la pepsine apaiseront vos brûlures).