Qu’il se présente sous forme de poudre noire ou de comprimés à croquer (qui colorent momentanément la langue en noir) ou de gélules (qui n’ont pas cet effet), le charbon végétal actif, ou activé, est un merveilleux produit naturel qui facilite la digestion et élimine les toxines de l’organisme.
Le charbon est un produit obtenu par combustion de matière végétale. Le charbon actif utilisé en médecine est généralement obtenu à partir de bois, ou encore de paille, de noyaux de fruits ou de coques de noix. Lors d’une première étape, le matériau végétal est porté à très haute température : entre les atomes de carbone, tout part alors en fumée en même temps que de nombreuses petites cavités se libèrent de leur contenu. Puis vient l’activation, chimique ou physique, qui en provoquant un choc thermique crée des millions d’alvéoles microscopiques à la surface du charbon et augmente encore, de manière prodigieuse, ses capacités d’absorption.
Pour assainir l’air ou l’eau, de nombreux filtres font appel aux vertus absorbantes du charbon. En médecine, on l’emploie le plus souvent pour améliorer la digestion, mais il peut aussi venir à bout d’une intoxication à condition d’être pris rapidement, 3 à 4 heures au plus, après l’ingestion de l’aliment responsable. Il est également recommandé en cas de ballonnements et de flatulences, de reflux gastrique, de gastro-entérite, de mauvaise haleine et de douleurs d’estomac après un « bon » repas. Attention cependant si vous êtes sous traitement médical : prenez-le 3 heures au moins avant ou après vos médicaments car son pouvoir absorbant risque de diminuer leur efficacité.
Un merveilleux antipoison
Bien entendu, si vous pensez être intoxiqué par un champignon vénéneux ou si votre enfant a confondu des médicaments avec des bonbons, appelez sans attendre le centre antipoison le plus proche de chez vous (si vous n’avez pas son numéro de téléphone, faites le 15, on vous guidera). Il est cependant intéressant de connaître les propriétés antipoison du charbon actif, découvertes il y a fort longtemps et vérifiées par de nombreuses études depuis les années 1980. En 1830, Pierre-Fleurus Touéry, pharmacien de génie, en avait déjà fait la preuve : pour vérifier l’efficacité de l’antidote, il n’avait pas hésité à avaler une dose mortelle de strychnine. Il ne mourut qu’en… 1883 après avoir travaillé des années durant sur les vertus du charbon.