Se soigner grâce aux sangsues : lʼhirudothérapie, ancestrale, est pourtant à nouveau utilisée par de nombreux médecins.
C’est principalement en Suisse, en Allemagne ou encore aux États-Unis et en Russie que les sangsues sont utilisées en chirurgie réparatrice, dans le traitement de l’arthrose ou des troubles de la coagulation.
Une précieuse salive
La sangsue est un animal qui ressemble à une petite limace. Elle adhère à la peau et se nourrit de sang. L’usage des sangsues en médecine remonte à l’Antiquité grecque. Au XIXe siècle, cette technique est devenue très populaire en France. Si l’antique saignée par les sangsues, bien effectuée, favorisait la circulation lymphatique et sanguine et purifiait le sang, c’est aujourd’hui principalement pour les nombreuses vertus de leur salive que les sangsues sont utilisées. La salive de sangsue contient en effet plus de trente composés actifs dont des protéines et des enzymes. La plus célèbre est l’hirudine, une protéine qui stimule efficacement la microcirculation.
Anti-inflammatoire
Lorsqu’elle suce le sang de sa proie, la sangsue sécrète des substances anesthésiantes et anti-coagulantes, provoquant une réaction inflammatoire. La sangsue produit alors en abondance des substances anti-inflammatoires. Une sangsue peut absorber jusqu’à 10 fois son poids en sang en une demi-heure environ. Après un repas qui peut durer de 20 à 180 minutes, elle se détache toute seule et le patient a alors bénéficié des vertus anti-inflammatoires, décongestionnantes et anticoagulantes de ce traitement.
La France à la traîne
Au contraire de la Suisse ou de l’Allemagne, l’hirudothérapie est très peu pratiquée en France. Il n’existe pas de vraie formation, elle ne bénéficie pas d’un cadre légal et les médecins sont encore peu intéressés par cette technique malgré de nombreuses études cliniques démontrant son efficacité. Si placer une sangsue n’est pas très compliqué en soi, l’hirudothérapie ne peut pas être pratiquée par n’importe qui. Il s’agit en effet d’un véritable acte médical et une bonne connaissance de l’anatomie et une solide formation médicale sont nécessaires pour poser un diagnostic correct, savoir combien de sangsues placer et où, déterminer le nombre de séances nécessaire et l’intervalle entre ces dernières, etc. Depuis quelques années, cette technique a fait son entrée dans les services de chirurgie réparatrice de plusieurs hôpitaux français et belges dans le cadre des greffes de peau ou de membres. En Belgique, c’est le cas de l’hôpital universitaire de Gand. En France, le CHU de Limoges, par exemple, utilise cette technique en ORL et chirurgie cervico-faciale, et en chirurgie orthopédique et traumatologique pour revasculariser des tissus après une greffe. L’élevage de sangsues le plus important d’Europe se trouve d’ailleurs en France, près de Bordeaux.
Que soigne l’hirudothérapie ?
Il est scientifiquement démontré que le traitement par les sangsues médicinales est efficace dans les cas de congestion veineuse suite à une chirurgie réparatrice, de phlébites, d’arthrose du genou, d’hématomes… En Suisse et en Allemagne, le champ d’utilisation des sangsues dépasse largement le cadre chirurgical. Des médecins, naturopathes et heilpraktikers soigneusement formés à cette technique les utilisent avec succès pour soulager des troubles aussi variés que les migraines, les lombalgies, les hémorroïdes, les acouphènes, le tennis-elbow… En Suisse, l’hirudothérapie est non seulement tout à fait légale mais également remboursée par les assurances complémentaires.