Vendu en pharmacie en petits sachets (ou sous forme de nigari en magasin bio), pour quelques euros le chlorure de magnésium permet de soigner la famille de tout un tas de petits maux. Par voie interne, il aide à lutter contre les maladies infectieuses, améliore le transit, renforce les défenses immunitaires, et peut même vous aider à vous débarrasser des verrues ! En usage externe, c’est un excellent produit de soin pour la peau, à conseiller sans réserve aux adolescents si ennuyés avec leurs boutons.
À l’origine, c’est d’ailleurs en usage externe que le chlorure de magnésium a fait parler de lui. Le Pr Delbet, qui fut à l’origine des premières recherches thérapeutiques sur ce produit, l’employa d’abord en solution pendant la Première Guerre mondiale, pour désinfecter les plaies. Il avait en effet remarqué que, contrairement aux autres antiseptiques, le chlorure de magnésium n’avait pas d’effets destructeurs sur les globules blancs. De fait, il renforce au contraire les capacités du système immunitaire.
Son utilisation est très simple : il suffit de diluer 20 g de poudre dans 1 litre d’eau. Par voie interne, on en prend 1 verre chaque jour. Attention toutefois, car son action laxative peut parfois s’avérer surprenante ; si c’est le cas, on diminuera la dose de moitié, ou on suspendra la cure. En applications externes, on l’utilise comme un tonique, pour nettoyer la peau matin et soir à l’aide d’un coton imbibé de cette lotion (à conserver au frais). En compresses réhumectées régulièrement, il soulage l’eczéma et les démangeaisons en général, et désinfecte, on l’a vu, les brûlures et les plaies. En bains de bouche, il active la guérison des aphtes.
Certains lui préfèrent un avatar qui possède toutes les vertus du chlorure de magnésium, mais qui agit en douceur et n’a aucun goût : c’est l’hydroxyde de magnésium, le fameux Chlorumagène du Dr Martin du Theil, commercialisé en pharmacie depuis près d’un siècle et dont la renommée traverse les générations sans jamais se démentir. Martin du Theil, médecin du début du XXe siècle, avait fait sienne l’idée de Claude Bernard : « Le terrain est tout, le microbe n’est rien » : il était convaincu qu’il fallait rechercher les causes des maladies plutôt que de se contenter d’en soulager les symptômes. Son expérience l’a conduit à constater que la santé en général est fortement dépendante de l’équilibre du système nerveux, et il a travaillé à mettre au point un médicament à la fois préventif et curatif pour mille et un problèmes de santé. Ainsi est né l’hydroxyde de magnésium, commercialisé sous l’appellation « Chlorumagène » : rien d’autre que du chlorure de magnésium à l’état natif, 100 % efficace, sans son goût amer. Toujours vendu en pharmacie, il est préconisé en cas d’insomnie, de diabète, d’hypertension, de troubles circulatoires, de maladies infectieuses, d’anxiété, de stress, de déprime… et, bien sûr, de constipation.
Dans les années 1930, le Dr Neveu fit appel au chlorure de magnésium pour vaincre d’abord la diphtérie, qui faisait alors des ravages, puis pour lutter contre les affections des voies respiratoires et la grippe. Il raconte dans ses écrits comment ce produit a sauvé les cent soixante vieillards du service médical des Petites Sœurs des pauvres à Rochefort-sur-Mer en 1934 : « Vint l’épidémie de grippe sévère de l’hiver 1934-1935. Les vieillards furent à peu près tous contaminés et tous s’en tirèrent par la solution de chlorure de magnésium. Ce médicament leur coupe la fièvre. Au mois de mai 1935, à la fin de l’épidémie, nous n’avions pas perdu un seul malade de broncho-pneumonie grippale, alors que la mortalité, en ville, avait été très élevée. »